15 années après une sortie sur PlayStation 2 et 5 ans après la HD Edition sur PS3, celui que l’on appelle communément “ZOE2” refait surface mais cette fois-ci sur PlayStation 4 et PC. Avec Zone of the Enders : The 2nd runner M∀RS, Konami fait débarquer son titre emblématique, marqué au fer rouge par l’ère Kojima, dans deux écosystèmes pleins d’opportunités. Outre la 4K qui succède au Full HD déjà proposé à 60 images par secondes il y a 5 années, on a ici droit à une compatibilité VR, de quoi donner à cette épopée une nouvelle vie, et une nouvelle dimension…
Jehuty en plein combat
Zone of the Enders : The 2nd Runner M∀RS Gameplay
Lire le test de l'édition PS2, sortie il y a 15 ans
Un socle toujours aussi efficace...
Sur PC comme sur consoles, l’expérience demeure la même qu’il y a 5 ans et propose un agréable et frénétique voyage à bord du Jehuty, l’Orbital Frame surpuissant que pilote Dingo, notre héros. Rencontrant ses quelques alliés, et à ses nombreux ennemis, il arpentera Mars et ses environs pour venir à bout de NOHMAN, son alter-égo et ex-patron qui dirige quant à lui Anubis, l’Orbital Frame le plus puissant jamais conçu. Jouissant d’une OST aux petits oignons et d’un rythme effréné, l’expérience, certes marqué par les années, brille toujours par sa mise en scène, qui n’a quant à elle presque pas pris une ride.
Très vite, on reprend ses réflexes : on dash, on affronte boss et autres nuées d'ennemis et l'on serpente dans des arènes désormais plutôt vides car nous sommes, rappelons-le, sur un jeu pensé pour la PlayStation 2. On prend toujours autant de plaisir à pourfendre à grand coups de rayons et d’épée géante les armées adverses, protégeant la veuve et l'orphelin dans des séquences d'action et d'exploration entrecoupées de cut-scenes en 3D et en dessin animé. Vif, fluide, et grisant, ce ZOE 2 n’a que peu perdu de sa superbe malgré les années, ce qui en fait un remaster correct pour quiconque n'a jamais touché à l'oeuvre originale. Jouable en 4K, il proposera aux amateur d’écrans de nouvelle génération un graphisme et des textures plus propres et toujours autant bardés de néons et d’explosions. A ce niveau là, rien à redire, le passage à une définition supérieure est honorable même si l'on aurait aimé plus de nouveauté en matière de rendu.
La VR, définitivement une fausse bonne idée...
Là où le studio CyGames a en revanche effectué un gros travail, c’est sur le portage VR du jeu, puisque ZOE2 est désormais jouable de bout en bout sur PSVR, HTC VIVE et Oculus Rift. C'est là, inévitablement, sa principale innovation, ce qui l'identifie en tant que titre de nouvelle génération. Durant l’E3, nous avions approché la version PSVR lors d’une session d’une heure qui nous laissa un petit arrière goût amer. Force est de constater que le résultat sur la version définitive n’est pas vraiment différent et sonne plutôt comme "une fausse bonne idée" dans la feuille de route de cette nouvelle remasterisation de l’oeuvre.
Comme évoqué lors de notre preview, le titre ne s’adapte pas très bien à la feature et offre une expérience lente dans le feeling des déplacement, mais bien trop rapide dans ses mouvements de caméra. Le cockpit, pourtant finement modélisé, reste un gadget qui manque de vie et dans lequel le joueur aura constamment à observer, sur le côté droit de l'écran, l'hologramme de son Jehuty. Il s'agit là du seul indices révélant la posture de l’Orbital Frame et son mouvement au sein des niveaux. Réputé pour son action frénétique et verticale, ZOE2 se transforme alors en rail-shooter, très assisté, à cause notamment d'un système de lock automatique qui n’encourage pas du tout le joueur à prendre conscience de son environnement à 360 degrés. Les cibles se succèdent, sans que l'on comprenne trop pourquoi ni comment, et les mouvements gênants de caméra sont ici légion. Autre souci, d’ordre purement hardware, la définition des casques annihile quelque peu le soin apporté au texturing et à la lisibilité de l'action, un constat encore plus présent sur PSVR.
Très vite, on restera donc figé dans son casque, la tête droite, bien incapable de prendre des initiatives en combat. Il en va de même lorsque Jehuty doit prendre en main divers objets, notamment pour contrer des adversaires où les cibler pour effectuer un lancer. Sans repères réels liés à l’environnement, évoluer avec grâce et efficacité dans ce dernier est une tâche bien plus ardue qu’en vue à la troisième personne. C’est donc un réel problème de game design qui est soulevé ici par cette version VR : le jeu n'est tout simplement pas pensé initialement pour la vue subjective et s'y adapte finalement très mal, perdant au passage son potentiel contemplatif et sa liberté d'action.
La fausse note aurait pu s'arrêter là, mais les cut-scenes pâtissent également de ce mode VR, se contentant d'afficher les séquences sur un "à-plat", alors qu'on aurait au moins attendu une immersion à 360 degrés dédiée à ces moments pourtant épiques. Quant aux passages en dessin animé, qui donnaient jadis beaucoup de cachet à l'expérience, ces derniers ont malheureusement assez mal vieilli par moment, en VR comme hors du casque, et ne bénéficient apparemment pas du même traitement que le reste de l'aventure lorsqu'il s'agit de remasterisation.
Points forts
- Une aventure atypique et bien ficelée
- Des musiques splendides et une mise en scène aux petits oignons
- Des combats toujours impressionnants malgré les années
- Une version 4K de bonne qualité et de meilleures textures
Points faibles
- Une version VR ratée et peu jouable
- Des cut-scenes VR en "à-plat" qui cassent l'immersion
- Le manque d'audace et d'ajout du remaster, mis à part le mode VR
- Des passages en dessin animé d'une qualité graphique aujourd'hui très discutable
Zone of the Enders : The 2nd Runner : M∀RS a le mérite de ne pas être, sur le papier, qu'un simple remaster venant upscaler massivement une expérience déjà connue et revisitée à chaque changement de génération. Il tente d'auréoler son contenu d'une version VR qui s'annonçait intéressante mais dont l'exécution est bardée de défauts. Ce nouveau pan de l'expérience, grosse innovation de l'édition, ne fait tout simplement pas honneur au matériel d'origine, ni même à la réalité virtuelle d'ailleurs. Quant au titre de base, jouable ici en 4K, avec des textures améliorées et quelques options graphiques, il reste agréable à parcourir mais méritait sans doute une bien meilleure remasterisation...
Note de la rédaction
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